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13 mai 2013 1 13 /05 /mai /2013 13:02

 

 

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Une bonne nouvelle n’arrive jamais seule : alors que l’Europe vient de donner son feu vert pour que les poissons d’élevage s’empiffrent de nouveau de farine de porc et de volaille aux États-Unis, les consommateurs vont bientôt pouvoir se régaler avec du saumon transgénique.


Cela fait vingt ans qu’AquaBounty Technologies, une boîte américaine de biotech, fait des pieds et des mains pour avoir le droit de vendre aux éleveurs de poissons des œufs de saumon génétiquement modifié. Ces efforts sont sur le point d’être récompensés. En décembre, la Food and Drug Administration (FDA), le gendarme américain de l’alimentation, a pondu un avis certifiant qu’on pouvait déguster les yeux fermés ce nouveau poisson créé en laboratoire. L’avis définitif de la FDA est attendu avant la fin du mois, mais, à en croire AquaBounty, c’est dans la poche. Il est vrai qu’« AquAdvantage » (c’est ainsi que la firme a baptisé son saumon « mutant ») a tout pour plaire.


D’abord, il pousse presque deux fois plus vite qu’un saumon « normal ». Comptez 18 mois, contre 30, pour qu’il atteigne son poids de vente. Et il pèse deux fois plus qu’un saumon d’Atlantique dont on n’a pas tripoté les gènes. Tout ça avec 25 % de nourriture en moins dans la gamelle. Ce qui lui permet d’afficher un super « taux de rentabilité alimentaire », comme on dit dans le jargon. C’est dans un laboratoire ultra secret, au Panama, qu’AquaBounty Technologies a mis au point sa petite merveille dûment brevetée. Prenez trois poissons. Un saumon royal, le plus volumineux des salmonidés. Un tacaud, de la famille des morues, particulièrement adapté aux eaux glacées. Et un saumon d’Atlantique.


Prélevez sur le premier le gène qui lui fait produire à gogo de l’hormone de croissance, prélevez sur le deuxième le gène qui lui sert à fabriquer de la protéine « antigel », et greffez le tout dans l’ADN du troisième. Résultat : dopé à l’hormone de croissance, AquAdvantage pousse en supersonique, et, en plus, grâce à son « antigel », il grossit même en hiver, contrairement au saumon lambda. Aux écolos rabat-joie qui s’inquiètent de voir un « Frankenfish », comme ils l’ont tout de suite rebaptisé, s’échapper d’une cage en haute mer et aller refiler ses gènes aux saumons sauvages, la FDA assure que le risque est « extrêmement éloigné ».


Certes, la technique utilisée pour stériliser les poissons ne marche qu’à 95 %, mais la firme jure que toutes les précautions seront prises pour empêcher les saumons OGM de se faire la belle. Qu’à cela ne tienne, AquaBounty Technologies, qui a construit une énorme écloserie sur une île canadienne, s’est donné deux ans pour inonder le marché. Un filon rentable puisque le saumon, deuxième poisson le plus consommé au monde après le thon, rapporte chaque année 5,3 milliards d’euros.


En nourrissant AquAdvantage avec de la farine de volaille, on pourra vraiment parler d’une poule aux œufs d’or. Cot, cot, cot…

 


Le Canard Enchaîné N° 4827 du 30 avril 2013

 

 

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