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3 avril 2014 4 03 /04 /avril /2014 13:28

 

 

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Pierre Petit © A. L. C.

 

Publié le Le 01/04/2014, dans Biarritz/Miarritze | par Alexandre de La Cerda

 

La situation critique des plages de Biarritz et des environs après la pollution du printemps 2013, à quoi s’ajoutent les conséquences des récentes tempêtes, ont engagé l’ancien adjoint biarrot, Pierre Petit, à se pencher sur ce problème récurrent.


Après son étude – assortie de quelques propositions – concernant l’assainissement de la ville de Biarritz (LSPB # 1064 du 7 mars 2014), l’ingénieur expérimenté de la Compagnie générale des eaux envisage cette fois des solutions pour lutter contre la  pollution des plages du sud par les effluents d’un Adour au cours parfois tumultueux.



LSPB : Pouvez-vous nous rappeler d’abord les causes de ces désagréments ?

Pierre Petit : Lors de la construction du port de Bayonne, le fleuve a été doté à la Barre d’une digue de deux kilomètres sur sa rive nord et cette jetée a été inclinée vers le sud pour diriger les effluents dans cette direction. Dans l’esprit des constructeurs, les plages du sud devaient bénéficier de l’apport de sédiments et s’engraisser des 200 000 à 300 000 m3 apportés par l’effluent de l’Adour. Mais, cet engraissement n’a pas eu lieu : bien au contraire, lors des tempêtes et des gros débits du fleuve, la majorité des plages a perdu son sable entraîné par le courant côtier sud-nord généré par le vortex unilatéral de l’Adour. De plus, les eaux douces, fortement chargées de boues et de sédiments, se sont très mal mêlées à l’eau de mer et ont constitué une bulle qui, selon les débits du fleuve, s’est dirigée à l’avant des plages du sud, allant même jusqu’à rejeter ses déchets sur le rivage.



A la longue, cette situation a encore été aggravée par certains travaux ?

Il s’agit, effectivement, des enrochements pratiqués devant les plages qui, avec le déferlement des vagues, ont remis en suspension tous les sables de l’estran. La Grande-Plage et le Port-Vieux ont été épargnés par le phénomène car ils ont bénéficié d’un estran sableux et d’une absence d’enrochements, mais il n’en a pas été de même pour la plage de la Côte des Basques dont les plus anciens se souviennent pour l’avoir connue encore accessible à marée haute !



Pour résumer, il y a donc plusieurs facteurs responsables de la pollution périodique des eaux de baignade, voire de la quasi-disparition de certaines plages ?

Tout d’abord, la jetée nord de l’Adour incurvée vers le sud qui fait se rejeter l’effluent dans cette direction et engendre un unique vortex renforcé, accompagné d’un courant traversier sud-nord. La jetée sud, trop courte, qui ne permet pas de diriger l’effluent de l’Adour vers la haute-mer et maintient le vortex trop près des plages sans s’opposer au courant traversier. Le profil de la côte qui ne s’oppose pas, non plus, à la formation du courant traversier, à l’exception de la pointe Saint-Martin qui protège la Grande-Plage, le courant traversier passant au large pour revenir vers la Chambre d’Amour, les plages angloyes et se renforcer à la Barre au contact de l’effluent du fleuve et du vortex...



Mais alors, quels moyens utiliser pour remédier à cette situation ?

Le prolongement sur 500 mètres de la jetée sud afin de rejeter les effluents plus loin. La construction d’un épi à partir de la situation actuelle de la jetée sud selon un angle de 60° par rapport à l’axe des plages. Cette nouvelle jetée, longue de 300 mètres au moins, aurait pour effet de piéger le courant traversier et de créer une zone de tranquillisation où les sables pourront se déposer. Le vortex de l’Adour se formerait entre la jetée sud et cet épi, sans pouvoir engendrer de nouveau courant traversier. Et les sédiments apportés par l’effluent seraient rejetés plus au large, dans une zone où il serait possible de les recueillir en vue d’un engraissement futur des plages.



En fait, ces équipements influeraient essentiellement sur les plages angloyes ?

Ils n’auraient, en effet, que peu de résultat sur les plages du sud de Biarritz ; pour résoudre leurs problèmes, il faudrait envisager un autre projet qui réhabiliterait la Côte des Basques en recréant une plage permanente comme l’ont connue quelques vieux Biarrots ! En mai 1995, j’avais organisé pour “Biarritz-Expansion“ un colloque sur l’érosion du littoral auquel j’avais invité cinq parmi les scientifiques les plus réputés de France. Ce colloque incluait une étude pour la réhabilitation de la Côte des Basques débouchant sur un projet dont la fiabilité a été approuvée par les spécialistes présents (il y était question de la protection de la zone par brise-lames semi-submersibles implantés en trois éléments de 200 mètres de long par des fonds de 6 mètres ; de la construction d’un épi de grande taille avec terre-plein sur une longueur de 300 mètres au large des rochers de la Goureppe, et d’un autre de 200 mètres de long en aval de la villa Belza). Ce projet, aux retombées économiques importantes pour une station balnéaire, dort depuis près de vingt ans, mais il ne demande qu’à être... réveillé, au gré d’une nouvelle étude lancée par la nouvelle municipalité issue des prochaines élections.




Petit glossaire pour comprendre :

Estran :
zone de marnage, la partie du littoral située entre les limites extrêmes des plus hautes et des plus basses marées.

Vortex : mouvement tourbillonnaire de fluide, en l’occurrence celui de l’eau de mer (comme le tourbillonnement de l’eau qui s’écoule par le trou d’un évier lorsqu’on en enlève le bouchon). Il peut concentrer en un endroit l’ensemble des déchets flottants...


 


Source :http://www.lasemainedupaysbasque.fr/2014/04/01/21402-pierre-petit-la-majorite-des-plages-a-perdu-son-sable&source=newsletter
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