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23 décembre 2013 1 23 /12 /décembre /2013 13:09

 

 

 

Notre-Dame-des-Landes

 

samedi 21 décembre 2013  Nicolas de La Casinière (Reporterre)


L’Etat va-t-il tenter le passage en force ? Le préfet de Loire-Atlantique vient de publier samedi après-midi les arrêtés censés permettre le début des travaux à Notre Dame des Landes. A télécharger ici. Cet acte de l’Etat devrait entraîner rapidement le dépôt de recours juridiques. Sur le terrain et dans toute la France, on se prépare à une éventuelle intervention policière.

 

Description : - Correspondance, Nantes


Attendus en novembre, reportés, annoncés en fin de semaine dernière, quatre arrêtés relatifs au projet d’aéroport de Notre Dame des Landes ont été promulgués ce samedi 21 décembre dans l’après-midi, sur le site du recueil des actes administratifs de la préfecture de Loire-Atlantique. Cet acte juridique entend ouvrir la voie à un début de travaux.


Quatre arrêtés ont été publiés :

Description : - Deux de dérogations à la loi sur les espèces protégées :

http://www.reporterre.net/IMG/pdf/2013_12_20-arre_te_1_de_de_rogation_sur_les_espe_ces_prote_ge_es.pdf

Et

http://www.reporterre.net/IMG/pdf/2012_12_20-arre_te_2_de_rogation_espe_ces_pour_desserte_routie_re.pdf

 Description : - Un de dérogation à la loi sur l’eau :

http://www.reporterre.net/IMG/pdf/2013_12_20-arre_te_3_de_rogation_loi_sur_l_eau.pdf

Description : - Un sur la desserte routière du projet d’aéroport :

http://www.reporterre.net/IMG/pdf/2013_12_20-arre_te_4_desserte_routie_re.pdf


Du côté du collectif de juristes qui assiste les opposants au projet, les recours sont prêts. Dès publication, un référé suspension pourra être déposé. Ils escomptent que cela interrompra la possibilité pour les porteurs de projet, Vinci et l’Etat, de s’appuyer sur la base légale des arrêtés pour lancer des préparatifs à un grand chantier de défrichage et de bucheronnage, ainsi que les expulsions de celles et ceux qui occupent le terrain.


Ce référé suspension accorderait au moins un délai avant qu’il ne soit purgé. Un délai ? « Deux mois » a évalué le préfet Christian de Lavernée lors de sa dernière conférence de presse lundi 16 décembre. Bien davantage, estiment des opposants. C’est aussi ce que semble penser Vinci : selon le témoignage d’une personne présente lors de la conférence de presse, Eric Delobel, en charge chez Vinci de la réalisation de l’aéroport, faisait la grimace quand Christian de Lavernée a parlé de deux mois.


L’autre course contre la montre concerne les espèces protégées : du fait des retards risquant de mener au dépassement de la saison favorable, la campagne de déplacement de tritons crêtés et marbrés pourrait être reportée au printemps. Un répit sur lequel certains spéculent, calculant que si Jean-Marc Ayrault n’était plus au gouvernement avant l’été prochain, ce projet épineux d’aéroport nantais perdrait un ardent défenseur et pourrait plus facilement être abandonné. Quoi qu’il en soit, il reste que les travaux préalables au chantier de l’aéroport et des ses dessertes routières, qui devaient débuter à l’automne 2012, ont pris plus d’un an de retard. L’inauguration de l’aéroport, prévue pour 2017, est désormais envisagée pour 2020.


Malgré ces scénarios juridique et politique, les militants sur place restent très vigilants. Les deux arrêtés ouvrent en effet le risque d’un coup fourré, d’un passage en force. Personne n’évacue l’éventualité d’une intervention militaire pendant la période des fêtes, réputée moins propice aux mobilisations populaires. Ce qui n’est pas complètement vrai pour les comités anti aéroport créés l’an dernier, parfaitement au fait de la menace et plus mobiles qu’on ne croit en période de vacances scolaires.


"La mobilisation n’a jamais été aussi affûtée" 

« On craint une petite opération pour tâter le terrain, mais une grosse intervention destinée à faire place nette parait plus improbable. Quoi qu’il en soit, on maintient un fort niveau de vigilance. La mobilisation, sur place, dans le département, dans l’ouest et dans toute la France, n’a jamais été aussi affutée. Tout le monde est prêt. Dans chaque département, les paysans savent qui fera quoi, où, avec des codes d’alerte par téléphones portables pour déclencher ses actions en réponse… La vigilance est forte et permanente.


"Bien sûr, on fait attention à ne pas solliciter le réseau pour rien et les gens en sont très conscients, mais s’il se passe quoi que soit, il y aura très vite du monde sur place. On s’est rendu compte que dans toute la France, les gens se suivent de près la situation. On est allé diffuser des tracts sur les marchés dans les Hauts –de-Seine récemment. J’étais surpris : le gens rencontrés étaient très au courant », dit Vincent Delabouglise, du collectif des paysans Copain44, qui regroupe des paysans bio, des membres de la Confédération paysanne, des agriculteurs en conventionnel du site et des zadistes.


L’union 

Le 5 octobre dernier, une journée de remise en culture de parcelles en friches de la Zad, et de replantation de haies, avait manifesté une belle alliance entre ces différents groupes entretenant des rapports à la terre parfois divergents, des cultures conventionnelles aux pratiques bio en passant par les semailles à la main, avec traction animale par les zadistes. Trois mondes qui ont su démontrer une capacité à s’entendre en dépassant des clivages, face à la priorité de l’objectif commun. Ce jour-là avait surpris cuex qui pensaient que cette unité n’était pas possible. « Certains paysans historiques, que l’on ne voit pas tous les jours sur le terrain, étaient scotchés », note Vincent Delabouglise. Construite depuis plusieurs années, cette alliance que beaucoup pensaient improbable sera un acquis précieux quand il faudra s’opposer sur le terrain aux travaux.


Appel au clairon 

« Ces deux arrêtés, c’est l’appel au clairon, pas encore la déclaration de guerre, commente Julien Bayou, nouveau porte-parole national d’EELV. Mais si les militaires interviennent sur la ZAD, alors là oui, ce sera une déclaration de guerre. Et même un très beau cadeau : les luttes sur le terrain, ca ressoude énormément… Quant à ce bocage nantais, tous les militants ont envie d’y retourner… On est en train de s’organiser pour ça. Au-delà du seul rejet de ce grand projet inutile, on espère une victoire idéologique, sur ce modèle de développement dépassé. Aujourd’hui, c’est un mouvement planétaire : l’austérité doit s’appliquer aux projets débiles ».


 

Source : Nicolas de La Casinière pour Reporterre.

Photo : Val K. du collectif Bon Pied Bon Œil, publiée sur Zad.nadir.org. Cette adresse est aussi celui d’une "Lettre aux comités locaux" très intéressante.

Lire aussi : L’Etat tergiverse, la mobilisation se prépare.

 


 

Source : http://www.reporterre.net/spip.php?article5199

 

 

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