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23 février 2012 4 23 /02 /février /2012 10:10

 

 

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La plate-forme intermodale de Novatrans a été créée en 2001 au Centre européen de fret (CEF),

à Mouguerre. (PHOTO patrick bernière)

 

 

Par emmanuelle fère

 

 

La filiale de la SNCF qui a supprimé sa desserte de Paris est en vente. Avenir incertain pour les salariés.

 

Le 10 février, Novatrans, filiale de fret de la SNCF basée au Centre européen de fret (CEF) de Mouguerre, a supprimé son service de transport de caisses mobiles vers Paris Valenton (1). Cette desserte était assurée cinq jours par semaine, mais elle s'était considérablement dégradée. Bernard Lataste, dirigeant des transports routiers Lataste (une centaine de salariés à Bayonne), a connu « les trains qui arrivaient à l'heure » fin des années 70, début des années 1980, et des horaires adaptés à l'activité. Aujourd'hui, il déplore des plages horaires réduites, et le manque de fiabilité du service. « Il fallait mettre un cierge à la cathédrale de Bayonne pour que le train arrive. »


Ce n'est pas Novatrans, entreprise de transport combiné route rail qui est montrée du doigt, mais la qualité de son « tractionnaire », la SNCF. Le discours est sur les lèvres de tous les acteurs, syndicalistes, transporteurs : l'opérateur historique s'est désengagé du fret ferroviaire. « Il y avait très peu de trafic sur le service Mouguerre-Valenton. En décembre et janvier : seulement 51 caisses ont été transportées », précise Michel Vovard, directeur du CEF.


« Nous progressons de 21 % »

Selon Michel Vovard, directeur du CEF, le volume de marchandises traité à Mouguerre est en progression. + 21 % entre 2010 et 2011, mais un niveau encore inférieur au plus haut historique de 2007. « En 2011, nous avons traité 11 803 wagons, et 14 000 en 2007. » En outre, la société de transport multimodal Ambriogio, inaugurera, au mois prochain, une extension de 13 000m2. De fait, Alberto Ambrogio confirme une augmentation des chargements de 15,7 % entre janvier 2011 et janvier 2012.


Des données qui devraient encore attiser la guerre des chiffres entre pro et anti Ligne à grande vitesse (LGV), malgré la création, en novembre dernier, d'un Observatoire des trafics. « Euro Cargo Rail ne vient pas aux réunions à cause du secret commercial, la SNCF ne donne pas ses chiffres pour les mêmes raisons et RFF aurait les chiffres mais ne voudrait pas les donner », assure Victor Pachon, porte-parole du Cade.


Le dirigeant évoque en bloc « des horaires inadaptés en milieu de journée », une distance insuffisante pour être économiquement pertinente, car le transport combiné est rentable à partir de 500 kilomètres. Ou encore « un gros souci de fiabilité ». Les aléas existants ont été encore alourdis par les travaux menés sur les voies par Réseau ferré de France (RFF), gestionnaire des infrastructures. « Actuellement, un train met une heure pour traverser l'Adour », s'exclame Michel Vovard.


Sous bannière allemande

Ce manque de volonté et d'adaptabilité de la SNCF sur le fret ferroviaire dénoncé signifie-t-il la fin de Novatrans sur le CEF ? À l'heure actuelle, seul un service Novatrans depuis Mouguerre a été supprimé. Le train dessert toujours le Nord-Pas-de-Calais (Dourges). Par ailleurs, le transporteur effectue des rotations, notamment de matières dangereuses, avec l'Allemagne sous la bannière du transporteur multimodal basé à Francfort Kombiverkeher, grâce aux moyens de l'opérateur privé de fret ferroviaire Euro Cargo Rail.


Michel Vovard ne voudrait pas laisser croire que le CEF est moribond (lire par ailleurs), ni même Novatrans, qui « représente 70 % du volume de marchandises du Centre européen de fret, soit 8 439 wagons en 2011, et une augmentation de volume de 21 % entre 2010 et 2011 ». Mais l'entreprise est loin d'avoir retrouvé son niveau historique de 2007. En 2009, Denis Lanine, directeur de Novatrans Mouguerre accusait une baisse d'activité de l'ordre de 50 % (2) et le personnel avait été réduit.


« Propre pour 2013 »

Aujourd'hui, Novatrans Mouguerre ne dit rien d'un éventuel nouveau plan social. Les syndicalistes murmurent que la direction se serait fait remonter les bretelles par la direction générale parisienne suite aux récentes informations de la suppression du service. L'heure est grave. En effet, la filiale à 96,39 % de la SNCF accuse de lourdes pertes : 35 millions d'euros en 2010 ; et 22 millions d'euros en 2011 pour un chiffre d'affaires de 87 millions d'euros. Et l'heure est stratégique. Car Novatrans est en vente, officiellement depuis la mi-janvier.


La SNCF évoque également l'hypothèse d'une recapitalisation de sa filiale, mais Peio Dufau, délégué syndical CGT SNC, assure que les 22 salariés de Mouguerre attendent le comité central d'entreprise d'avril pour savoir si Novatrans est « reprise, supprimée ou intégrée à Naviland Cargo », une autre filiale fret de la SNCF (navettes intermodales au niveau domestique et international). On imagine bien que rien ne sera annoncé avant l'élection présidentielle. Mais un salarié de Novatrans assure, que, selon le discours de la direction, « il faut que ce soit propre pour 2013 ». L'avenir de Novatrans Mouguerre sera donc tranché avant la fin de l'année. Mais les salariés ne sont guère rassurés de se voir, d'ores et déjà proposer des listes de postes vacants pour reclassement au sein de sites de Geodis SNCF, dans toute la France.


Quoi qu'il advienne, le fret ferroviaire de Mouguerre - Novatrans et autres prestataires (Ambrogio, Combitrans) du transport multimodal - ne devrait pas passer par le tractionnaire historique qu'est la SNCF. « La majorité du trafic est tractée par des entreprises privées, dont Euro Cargo Rail. Je n'ai quasiment plus aucun wagon SNCF qui entre sur le CEF », assure Michel Vovard.


Le transporteur Bernard Lataste a sa solution. « Nous travaillons avec le CEF à la création d'un opérateur ferroviaire de proximité. On laisserait les grandes lignes tractionnées par les opérateurs privés, et on prendrait le train en charge quand il arrive à Bayonne. » Le dirigeant appelle de ses vœux la création d'un consortium local avec la Chambre de commerce et d'industrie (CCI), les transporteurs et chargeurs locaux, les filières bois, papier, etc. « S'il y a la volonté, cet opérateur ferroviaire de proximité peut être opérationnel sous deux ans. »


(1) Information France3 Euskal Herri. (2) Notre édition du 14 avril 2009.

 


Source : http://www.sudouest.fr/2012/02/23/novatrans-est-a-vendre-640753-4018.php

 


 

 


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