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3 janvier 2013 4 03 /01 /janvier /2013 13:57

 

 

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Mathieu de Taillac. Le Figaro. 31/12/2012

 

Le trafic du réseau est revenu à ses niveaux de 1998. Dix tronçons en cessation de paiement.

 

ESPAGNE : Il y a deux façons de se rendre en voiture de Madrid à Tolède. La première est l’autopista AP41 : 89 kilomètres avalés en une heure et une minute. Sur cette autoroute, les péages coûtent 7,25 euros. Seconde option, l’autovia A42. Sur cette quatre-voies, le trajet de 74 kilomètres prend une heure et onze minutes, mais il est gratuit. Du coup, seul les touristes suivant leur GPS et des VRP défrayés déboursent 7,25 euros pour gagner 10 minutes.


            Non seulement l’AP41 est quasiment déserte, avec 1600 véhicules par jour, mais elle est en cessation de paiements. Tout comme neuf autres autoroutes en d’Espagne, situées majoritairement aux alentours de madrid. Un symbole de la crise économique et du dégonflement de la bulle des infrastructures, qui avait enflé jusqu’en 2007-2008.


            L’utilisation du réseau autoroutier payant a chuté de 27% entre premier semestre 2007 et le premier semestre 2012. En moyenne, 15 775 ont circulé chaque jour sur les 1700 kilomètres d’autoroutes à péage entre janvier et juin 2012. Cela ramène l’Espagne 14 ans en arrière, au niveau de 1998.


            « L’alternative gratuite devient bien plus séduisante en période de crise, explique Federico Pablo Marti, professeur d’économie à l’université d’Alacala de Henares. Les difficultés financières ont entraîné une diminution du trafic. Beaucoup d’Espagnols ont abandonné la voiture pour le train. Les quatre-voies gratuites sont donc moins embouteillées et encore plus attractives. »

            « Les autoroutes problématiques sont les plus récentes, explique-t-on à l’Association des concessionnaires d’autoroutes à péage (Aseta), l’organisation patronale du secteur. Les premières années, la courbe de rentabilité d’une concession est toujours négative, parce qu’il faut rembourser l’investissement. »

 

Aides publiques en 2013 

La récession n’explique pas tout. Certains projets ont été mal planifiés, avec coûts sous-évalués et bénéfices surestimés. Pour les autoroutes d’accès à Madrid, les expropriations ont été réalisées sans tenir en compte la procédure légale d’information publique. Les propriétaires expulsés ont eu gain de cause devant les tribunaux. Faute de pouvoir restituer les terrains – les travaux avaient déjà commencé-, les constructeurs ont payé jusqu’à 10 fois le prix prévu initialement.


            Certains analystes rappellent aussi les folies de grandeur de l’époque du miracle immobilier, lorsque les géants du BTP, actionnaires de nombreux concessionnaires, tenaient les leviers de l’économie. En peine bulle, des villes ont été construites à une centaine de kilomètres de la capitale. « Elles étaient trop éloignées de Madrid pour effectuer le trajet tous les jours...sauf si on construisait des infrastructures de grandes qualités, des autoroutes et des lignes de TGV. On pensait que les populations s’installeraient et auraient les moyens de payer ce transport. Mais les villes nouvelles sont restées désertées », explique le professeur Marti.


            Les concessionnaires ne pouvaient-ils pas mieux calculer la rentabilité de leurs projets ? « Tout le monde s’est trompé, s’excuse-t-on à l’Aseta. Dans le cas de l’autoroute Madrid-Tolède, l’idée était de la prolonger jusqu’à Cordoue. Mais le projet a été abandonné. »


Reste à savoir comment sortir de l’impasse. La faillite pure et simple semble écartée. Si un concessionnaire dépose le bilan, l’Etat a l’obligation d’assumer sa dette. La dizaine d’autoroutes en difficulté représenterait quelques 4 milliards d’euros qui viendraient gonfler la dette publique.


Du coup, l’Etat met la main à la poche. Un amendement au budget 2013 prévoit ainsi de compenser jusqu’à 80% de la différence entre les résultats attendus par les concessionnaires et leurs revenus réels. Une mesure destinée à remédier à la situation « en attendant que le trafic récupère ses niveaux normaux », a argumenté la ministre des Travaux Publics, Ana Pastor.


Les compagnies autoroutières réclament une stabilisation de ces aides, ainsi que la mise en place d’une vignette européenne. Pour rendre leurs infrastructures plus compétitives que les quatre-voies, elles suggèrent deux pistes : mettre fin à la gratuité des autovias et augmenter la vitesse légale sur autoroute, de 120 à 140 km/h. Le gouvernement dit étudier toutes les propositions.


  

4 milliards d’euros : Dette cumulée des dix autoroutes en cessation de paiements. En cas de faillite, elle devrait être assumée par l’Etat espagnol.


 

Source: http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2012/12/30/20002-20121230ARTFIG00109-les-autoroutes-espagnoles-au-ralenti.php

 

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