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17 août 2018 5 17 /08 /août /2018 07:36

 

 

 

Par Anthony Cortes

Publié le 13/08/2018 à 18:44

Bonus-malus sur le plastique : la solution petit bras du gouvernement

Pour la secrétaire d'Etat, l'enjeu est de "créer un électrochoc". Les défenseurs de l'environnement voient plutôt une solution "court-termiste". – GULSHAN

 

La secrétaire d'Etat à la Transition écologique a affiché les ambitions du gouvernement : atteindre 100% de plastiques recyclés en 2025, notamment grâce à un système de bonus-malus qui entrera en vigueur à partir de 2019. "Peut mieux faire", répondent des défenseurs de l'environnement qui pointent les limites du recyclage comme solution miracle.

Le gouvernement a revêtu ses habits verts d'écologiste. Aucun "Make our planet great again" n'a refleuri sur les réseaux sociaux mais Brune Poirson, secrétaire d'Etat à la Transition écologique, s'est déclarée en guerre contre le plastique : "Il faut transformer le système", a-t-elle expliqué au Journal du dimanche (JDD), dimanche 12 août. Pour convaincre, une mesure phare est avancée : la mise en place d'un "bonus-malus" sur les produits en plastique à partir de 2019. Son montant pourrait atteindre 10% du prix du produit. En clair, les produits issus du recyclage coûteront moins chers à produire que les autres et seront donc proposés à la vente à un prix inférieur aux autres. Le but étant d'inciter les entreprises à recycler et les consommateurs à acheter "responsable""C'est là l'enjeu, explique-t-elle, créer un électrochoc."

 

"Le recyclage permet de colmater les fuites"

Les annonces du gouvernement suffiront-elles à provoquer une révolution ? D'autant que l'objectif affiché par la secrétaire d'Etat est ambitieux : atteindre 100% de plastiques recyclés en 2025, alors que le taux est actuellement bloqué à 24%. A écouter certains acteurs de la protection de l'environnement, cela pourrait ne pas suffire. "C'est un peu à l'image d'une embarcation qui prendrait l'eau. Le recyclage, ça permet de colmater les fuites. Mais ça ne permettra pas de couper le robinet et donc sauver la situation", regrette Flore Berlingen, directrice de l'association Zero Waste France, auprès de Marianne."Le recyclage il est indispensable, essentiel même, mais il n'est pas suffisant face à l'ampleur de l'urgence"

Dans la même veine, Nathalie Gontard, directrice de recherche à l'Inra (Institut de recherche agronomique), tempête contre ce "premier pas" qui "n'est pas le bon""Le recyclage ne permet pas de tout résoudre, pourtant le gouvernement le laisse croire, explique-t-elle à MarianneOn préfère la communication aux véritables solutions."

Le gouvernement propose plusieurs solutions dans cette veine. En plus de ce bonus-malus, qui sera accompagné d'un logo "qui dira si un produit a vraiment été fabriqué avec du plastique recyclé ou s’il est recyclable", il est également prévu de simplifier la collecte et d'"uniformiser la couleur des poubelles" de tri, actuellement différentes d’une ville à l’autre, "pour créer des automatismes". Et certains produits à usage unique seront également interdits à partir du 1er janvier 2019 (pailles, gobelets).

"Le recyclage il est indispensable, essentiel même, mais il n'est pas suffisant face à l'ampleur de l'urgence. Il faut plutôt agir pour réduire la consommation de plastique", reprend Flore Berlingen. La directrice de recherche à l'Inra est également de cet avis : "Nous sommes des drogués du plastique. Pour changer cela, il faut viser les industries, les taxer bien plus fortement lorsqu'elles utilisent du plastique vierge (non recyclé, ndlr). Il faut s'attaquer à la source du problème."Ce que Brune Poirson refuse de faire pour ne pas "provoquer une levée de boucliers et bloquer les discussions", a-t-elle indiqué au JDD.

 

Des propositions "court-termistes"

Ce qui agace particulièrement ces deux responsables, c'est que les limites du recyclage du plastique ne sont pas posées par la secrétaire d'Etat. En effet, cette matière connaît une très faible durée de vie moyenne, ne pouvant être recyclée que deux à trois fois avant que sa fibre ne soit trop abîmée pour permettre une nouvelle réutilisation. Le plastique est donc destiné à devenir un déchet, il ne peut être recyclé à l'infini. Sachant cela, selon elles, le gouvernement devrait donc réfléchir à des alternatives au plastique."Brune Poirson propose des éventualités court-termistes, observe Nathalie Gontard. Il nous faudrait plutôt entamer une réflexion sur nos besoins en plastique, se demander dans quels cas nous pourrions le remplacer par une autre matière."

Du côté de l'association Zero Waste France, on milite pour la mise en place de "consignes" de réutilisation. Concrètement, les clients paieraient une caution au moment d'acheter des bouteilles avant de la récupérer après les avoir rendues dans un des différents points de collecte (commerces, lieux publics, entreprises).

Une idée qu'a retenue le gouvernement, comme l'a fait savoir Brune Poirson au JDD. Mais ces bouteilles ne seront pas réutilisées... elles seront destinées au recyclage. Ce que regrette Flore Berlingin. "Le meilleur moyen de réduire la quantité de plastique en circulation est de moins en produire et donc de réutiliser celui déjà produit." D'autant qu'une bouteille recyclée ne l'est jamais totalement. En moyenne, seulement 60% de cette bouteille provient bien du recyclage, le reste étant du plastique vierge.

 

 

Source : https://www.marianne.net/societe/bonus-malus-sur-le-plastique-la-solution-petit-bras-du-gouvernement?_ope=eyJndWlkIjoiYzkwZDIxMmJiMzZjMzk0NTEzMzcyZjdkMDU3OWZmYjMifQ==

 

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