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17 mai 2019 5 17 /05 /mai /2019 09:30

 

 

A La Une L' Essentiel

Publié le 13/05/2019 à 6h24. Mis à jour à 7h50 par Gabriel Blaise.

L’étude explique que le « degré d’acceptation » de la pollution par la population a diminué depuis les années 2000. archives david le deodic

L’étude explique que le « degré d’acceptation » de la pollution par la population a diminué depuis les années 2000. archives david le deodic

Les études épidémiologiques attendront, mais une analyse sur les « attentes et le contexte » des acteurs locaux est disponible. Beaucoup regrettent le manque d’information sur la pollution https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-33419-etude.pdf

 

Le chiffre 7500

C’est le nombre d’emplois directs ou indirects générés par les activités industrielles du Bassin de Lacq. sur 55000 habitants dans la communauté de communes de Lacq-Orthez. La zone compte 43 usines dites « installations classées pour la protection de l’environnement » (ICPE), parmi lesquelles 15 sont classées Seveso « seuil haut » et six Seveso « seuil bas ».

 

L’inquiétude des médecins

Si les chiffres de mortalité et morbidité se font toujours attendre, neuf médecins généralistes, trois spécialistes et un médecin scolaire ont pu être interrogés sur leur perception de l’état de santé de leurs patients. Ils disent noter « un excès de pathologies variées, respiratoires, digestives, hématologiques, thyroïdiennes avec des niveaux de gravités différents, allant de la rhinite allergique aux cancers ». Le pneumologue interrogé déclarait « avoir reçu en consultation, au cours de l’année 2015, un nombre inhabituel de patients, riverains du site de Lacq ou travailleurs sur le site, atteints d’irritations ORL ou pulmonaires ». Les praticiens sont, par ailleurs, très critiques avec les autorités sanitaires et les industriels. Ils déplorent, « de manière quasi unanime », un « manque d’implication et d’information sur les dangers potentiels liés au bassin industriel, ainsi qu’une collaboration inexistante avec les services de santé au travail, qu’ils jugent pourtant indispensables dans ce cadre ».

Soixante-cinq ans après le début de l’aventure industrielle du Bassin de Lacq, personne n’est aujourd’hui en mesure de chiffrer les dégâts collatéraux éventuels sur la santé des habitants, de l’exploitation intensive du gaz naturel, puis de l’installation d’entreprises de chimie, sur le territoire. Après une première étude épidémiologique parue en 2002, des études d’ampleur sont attendues en fin d’année –Leur publication a été plusieurs fois repoussée depuis deux ans.

La semaine dernière, Santé publique France a publié un rapport intitulé « analyse des attentes et du contexte local autour du bassin de Lacq » après une étude réalisée en 2017. S’appuyant sur une quarantaine d’entretiens anonymes (habitants, élus, industriels, associations, représentants de l’Etat), il éclaire sur le ressenti des acteurs sur le terrain. Son but : « Décrire les représentations et les préoccupations, « repérer les tensions éventuelles » et » recenser l’ensemble des attentes » des différentes parties prenantes.

 

Un avant et un après Total

Premier constat, les acteurs locaux sont unanimes pour souligner l’importance de l’activité des usines jugée « essentielle pour l’activité du territoire, voire pour sa survie », conscients de « l’urgence d’attirer de nouveaux industriels pour préserver l’activité économique de la zone ».

L’étude distingue deux périodes principales dans l’histoire industrielle récente du site, avec une rupture dans les années 2000, le déclin du bassin caractérisé par l’arrêt de l’exploitation du gaz par Total.

Auparavant, depuis les années 1950, Lacq était synonyme de rayonnement économique, « source de fierté voire d’attachement à la région », notamment parmi les plus anciens. Les récits évoquent l’arrivée de main-d’œuvre, la ville nouvelle de Mourenx, le « glissement facile et rapide de l‘emploi agricole vers l’emploi industriel ». Les questions environnementales et sanitaires étaient alors reléguées au second plan », « et ceci avec d’autant plus de force que le système d’indemnisation mis en place a agi comme un levier compensatoire essentiel. »

Les auteurs de l’étude expliquent que la population locale a alors développé « ce que certains nomment une véritable ‘culture de l’industrie’ ». Au point de minimiser les risques ? « Lorsqu’il y a gêne ou symptômes, les riverains rejoignent en tout point les associations et dénoncent une omerta de la part des politiques, des industriels, mais aussi des salariés (premières victimes) qui, au nom d’intérêts économiques ou politiques, refusent de voir la vérité, voire la dissimulent. « C’est cette culture du risque, que les autorités nomment aussi pudiquement, « degré d’acceptabilité «  des industries par la population, qui est désormais menacée.

 

L’«acceptabilité» en baisse

« Tant que les usines représentaient un futur, le degré d’acceptabilité de la gêne associée était élevé décrivent les auteurs de l’étude. A partir du moment où le déclin s’est installé, où la reconversion a généré des incertitudes  sur l’emploi et l’avenir du Bassin, il semble que ce degré d’acceptation ait diminué même s’il est encore élevé. La situation ne s’est pas inversée, mais une brèche semble ouverte. »

Du côté des riverains, la perception du risque sanitaire dépend de plusieurs facteurs. La zone d’habitation, bien sûr, plus ou moins exposée aux émanations des usines mais aussi l’ancienneté dans la région et « le niveau de dépendance vis-à-vis de l’activité industrielle ». En clair, les salariés et familles de salariés ont tendance  à se montrer « moins critiques sur les nuisances qui peuvent être générées par les usines  ou sur les risques sanitaires afférents qui sont le plus souvent évacués voire niés dans leur vie quotidienne ». Pour certains, le risque de fermeture des usines est « considéré comme bien pire que d’éventuelles conséquences des pollutions sur la santé. » Un point qui rejoint les accusations de « chantage à l’emploi », souvent formulées par les associations à l’égard des industriels.

En conclusion, l’étude préconise notamment de « rétablir la confiance » entre les différents acteurs, de « prendre en compte les préoccupations de santé publique », d’ »améliorer la circulation de l’information (….) sur les effets sanitaires des produits rejetés dans l’environnement. »


 

 

Source : https://www.sudouest.fr/2019/05/13/des-mots-sur-une-omertal-inquietude-des-medecins-6067706-4205.php

 

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