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6 mars 2013 3 06 /03 /mars /2013 17:25

 

 

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Suite aux vagues d'arrestations ayant eu lieu l'année dernière et ces derniers mois dans le Val Susa, 2013 s'annonçait hélas comme une année à procès pour le mouvement No-TAV. Plus de 80 personnes sont aujourd'hui privées de liberté, que ce soit en liberté surveillée, sous assignation à résidence ou en incarcération, et accusées de lourdes charges. Un procès-fleuve pour tous les prévenus a commencé début janvier.

 

Le premier février, le procureur, afin d'éloigner les inculpés de la solidarité qu'ils pouvaient trouver dans la vallée de Susa, a décidé de transférer le procès à Turin, dans la salle dite du «  bunker  ». Cette salle, située dans la prison de la Valette à Turin, a d'abord été ouverte pour juger les formations armées (Brigades Rouges, Prima Linea, …), puis a été utilisée pour les grands procès contre la mafia dans les années 90. Restée longtemps inutilisée, elle fut ré-ouverte pour des procès liés à la résistance No-TAV en 2005.

 

Comme le disait une déclaration publique des inculpés au premier jour du procès  : «  La décision de faire déplacer le procès dans cette salle-bunker est dans la droite ligne de la dernière vague de répression, soutenue et légitimée par une campagne médiatique qui vise à diaboliser le mouvement NO TAV, en essayant de l’affaiblir et de l’isoler des luttes qui traversent le pays.  ».

 

Pour que l'information circule, nous avons décidé de reproduire ici un compte-rendu, traduit très rapidement, effectué par les inculpés suite à la journée du 14 février.

 

D'autres infos peuvent être trouvées sur le blog du laboratoire anarchiste : 

http://lelaboratoire.over-blog.com/

 

***** 

 

Rapport de la 5ème audience du «  procès  » des 53 NO-TAV Turin, salle du bunker, prison «  La Valette  », 14 Février 2013

 

Comme nous l'avions décidé, une petite délégation «  d'inculpé(e)s  » est entrée aujourd'hui dans la salle d'audience. Dès l'entrée, quelques nouveautés sont clairement introduites en réponse à l'action collective de l'audience précédente. Les inculpé(e)s entrent avant, et après le «  public  ». Une fois à l'intérieur, on ne devait pas immédiatement s'asseoir sur les bancs, parce que «  le président a donné l'ordre de n'entrer que lorsque l'on est appelé  ». Dans la salle d'audience sont disposés une  trentaine de carabiniers. Ils veulent nous faire entrer un(e) à la fois, cependant nous réussissons à entrer tous et toutes ensemble quand il a eu fini l'appel (une opération qui a duré plus d'une demi-heure). Avant le début de la séance, un cameraman de la télévision a demandé à la cour de recommencer, et le président a donné son accord. Cependant, compte tenu de notre refus, c'était non. Il y avait une très forte présence des avocats d'un côté et de l'autre, peut-être parce que le point de jurisprudence en jeu aujourd'hui était la «  constitution des parties civiles  ». Contre nous se constituent, en plus des 180 flics, les entreprises de la dévastation (en premier lieu RTF), tous les syndicats et organismes possibles similaires à la police, des carabiniers, douaniers, jusqu'à la représentation de  la présidence du Conseil en même temps que celui des ministères de la défense, de l'intérieur, et de l'économie et des finances. Tous ces divers corps exigent une montagne d'argent (deux millions d'euros). Comme le dit un avocat, le procès est susceptible de laisser de côté le caractère «  criminel  » pour n'assumer que le côté «  civil  ». Lorsque cette opération, très chaotique et approximative, paraît terminée, le tribunal pour finir concède deux heures pour consulter les constitutions de parties civiles et ensuite aller plus loin. Mais c'est hors de question.

 

Les avocats de la défense ont fait noter que la constitution des parties civiles comportait des déficiences, dans presque tout les cas il n'est pas spécifié qui se constitue et contre qui ; les papiers remis sont des photocopies très volumineuses, en somme pour les visionner il faut des jours, des semaines et  non quelques heures. Cette demande est rejointe par les procureurs, de sorte que finalement le tribunal décide de mettre fin à la page «  parties civiles  » dans la constitution de la prochaine audience prévue pour le 8 mars à 09h30, toujours dans le «  bunker  ». Comme cela semble confirmer ce lieu pour le procès, certains avocats demandent au tribunal de mettre explicitement le retour du procès dans le centre-ville de Turin. Le Président dit «  ce n'est pas possible  », car la Cour d'appel (de Turin) a ordonné, dit-il, que les grandes salles (1 et 2) de la Cour d'Appel restent à la disposition du «  procès Eternit  » jusqu'à début juillet. Les avocats demandent alors une suspension de la procédure jusqu'à juillet, et la réponse du président est de rigueur «  ce n'est pas possible  ». Alors que le «  public  » applaudit à l'intervention des avocats,  le juge dit avec colère : «  le public ne peut pas applaudir  ».

 

 Le tribunal confirme la poursuite du procès dans le «  bunker  » avec le calendrier des audiences juste retouché, ce qui donne :
- en Mars, les jours d'audience sont les 8 et 14 ;
- en Avril il n'y a pas d'audience ;
- en Mai les 10 et 31 ;
- les 7, 14 et 21 Juin ;
- les 5, 12 et 19 Juillet.


Nous avons ensuite atteint les tables de presse et le rassemblement No TAV à Piazza Castello. Enfin, nous avons réussi à nous réunir à une douzaine d'inculpé(e)s. Après discussion, l'engagement a été pris de continuer à suivre le procès de la manière déjà décidée le 1er février (pour le 8 mars, une délégation sera sur place pour qui veut se joindre, le rendez vous est entre 9h et 9h et demi devant le «  bunker  »). En particulier, pour élaborer une déclaration sur la mise en place de la constitution de partie civile du gouvernement, pour socialiser notre expérience ...


Dans l'après-midi, un groupe de solidarité a été à la prison S. Michèle d'Alexandrie pour exprimer leur solidarité avec un message, à l'adresse de tous les prisonniers, en particulier des camarades et de Sergio Alfredo qui sont en grève de la faim depuis le 29 Janvier contre une décision de refus de parloir pour leurs compagnes.

 

 

 

 

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