Une étude de l'Ademe revient sur les difficultés d'adaptation des centres de tri aux évolutions de la collecte séparée en entrée et des spécifications des flux triés en sortie. Au minimum, 200 millions d'euros d'investissement seraient nécessaires.
Dechets / Recyclage | 18 mars 2013 | Actu-Environnement.com Dorothée Laperche
Plus d'un tiers des centres de tri ne pourraient pas, même avec des investissements, trier la totalité de leur bassin versant dans le cas d'une extension du recyclage à tous les emballages plastiques, selon une étude de l'Ademe. Les standards matériaux des flux sortants ne seraient pas respectés. Ainsi, seul 2% du parc serait adapté et ne nécessiterait pas d'investissements. Si l'extension ne concerne que les pots et barquettes, cette proportion monte à 4%.
Cette analyse "doit permettre aux pouvoirs publics et aux différents acteurs concernés de pouvoir disposer, préalablement à toute décision, d'une vision partagée des besoins d'adaptation et des difficultés potentielles", précise l'Ademe. Elle s'inscrit dans une réflexion d'extension des consignes de tri à tout ou partie des déchets d'emballages ménagers en plastique (autres que les bouteilles et les flacons), d'organisation de la collecte des papiers et d'harmonisation des schémas de collecte séparée. Or, cette extension aurait des conséquences non négligeables pour les centres de tri : en cas d'extension réservée aux pots et barquettes plastiques, les flux de déchets entrants augmenteraient de 12% en tonnage (soit 362.000 tonnes de plus qu'en 2011) et 21% en volume, selon l'Ademe. En cas d'extension à l'ensemble des plastiques, ces hausses attendraient +16% et +37% respectivement.
200 millions d'euros d'investissements minimum
En 2011, les 244 centres de tri constituant le parc français ont reçu 2,9 millions de tonnes de déchets. Si les capacités des centres actuels sont en adéquation avec le tonnage à trier, l'Ademe souligne des disparités importantes.
"Les principaux points de saturation sont la surface de stockage amont (39% des sites), le débit du process (39% des sites) et la surface de stockage aval (25% des sites)",précise-t-elle dans son document. L'Ademe s'est également intéressée aux montants des investissements d'adaptation minimum nécessaires pour adapter le parc actuel de centres de tri aux collectes séparées des ménages estimées en 2020. Et même si les consignes de tri restent inchangées l'agence estime qu'"alors le montant total d'investissement pour adapter le parc actuel et le mettre à niveau par rapport aux situations de saturation observées actuellement serait de l'ordre de 200 M€". Sans prendre en compte l'élargissement de la consigne de tri, 11 % seulement du parc serait adapté aux évolutions attendues.
Une extension des consignes de tri à l'ensemble des plastiques ajouterait à la facture un besoin d'investissement complémentaire compris entre 400 et 700 M€. Si cette dernière est limitée aux pots et barquettes, elle génèrerait un surcoût compris entre 200 et 300 M €.
Pour compléter ces travaux, l'Ademe a lancé une étude prospective de différents scénarios d'évolution de la collecte et du tri dans le service public de gestion des déchets. Les résultats de ces travaux devraient être connus début 2014.