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4 janvier 2014 6 04 /01 /janvier /2014 07:43

 

 

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Arnaud Dejeans Sud-Ouest 1er janvier 2014

 

Question super banco : la nouvelle ligne à grande vitesse (LGV), qui veut étendre ses rails au sud de Bordeaux pour rejoindre le réseau espagnol, traversera-t-elle le Pays Basque ? Un coup d’œil dans le rétroviseur n’aidera pas à percer le mystère. Une réponse de normand ne devrait pas non plus combler la curiosité des basques, mais force est de constater que les grands décideurs ont passé leur temps à jouer au « ni oui ni non » cette année.


Le rapport Duron en avril : l’Etat n’a pas les moyens de financer tous les projets LGV et la ligne Bordeaux-Espagne n’est plus prioritaire. Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, en juillet : le tronçon de la LGV Atlantique doit être reporté aux calendes grecques. Le président de région, Alain Rousset, en octobre : « On a sauvé la LGV au sud de Bordeaux. Le ministre des Transports, Frédéric Cuvillier, en octobre : La LGV ira jusqu’à Dax dans un premier temps.


Selon les dernières prévisions ministérielles, le dernier tronçon pourrait atteindre la frontière vers 2032. Une date qui ferait un bon titre de film de science-fiction mais qui a de quoi donner le sourire aux pro-LGV. A condition qu’ils se montrent très patients.


Depuis le début de cette insondable odyssée du rail, les décideurs soufflent le chaud et le froid. Et pendant que les pros et les antis s’étripent à grands coups de calculettes, les usagers du rail comptent les trains en retard et pestent contre la désuétude du réseau actuel. Finalement, c’est le député girondin Gilles Savary qui résume le mieux la situation : « Le TGV rend fou ».


« Ce gouvernement ne sait tout simplement pas dire non »

Pour Pierre Recarte, auteur du « Rail de la déraison » et bientôt de « Les grandes voraces, un système ferroviaire à grande vitesse en perdition » (1)  le volteface du gouvernement est « très curieuse » : « cet été, le premier ministre était dans la lignée des différents rapports (Duron, Auxiette, Bianco) et quelques mois plus tard le ministre des Transports annonce l’inverse ».


Drôle de saucissonnage

Pour cet anti-LGV de la première heure, c’est le lobbying des grands élus du Sud-Ouest (Alain Rousset, Henri Emmanuelli) et du BTP qui a fonctionné : « Depuis cet été l’Etat a programmé plusieurs milliards pour de nouvelles LGV, alors que les caisses sont vides. Ce gouvernement ne sait tout simplement pas dire non ».


Autre curiosité : le saucissonnage de la ligne Bordeaux-Hendaye, désormais scindée au niveau de Dax avec deux calendriers distincts. Il y a quelques jours, le maire de Bayonne, Jean Grenet, a évoqué une erreur de tracé pour expliquer ce coup de cutter. Mais on peut également se demander si l’Etat ne veut pas donner l’impression de s’engager vers le sud pour ne pas perdre les financements des collectivités locales sur la ligne Tours-Bordeaux.


Pour le moment, le pari est perdu puisque les départements des Landes et des Pyrénées Atlantiques, ainsi que d’autres collectivités ont fermé le portefeuille.


La mobilisation des anti-LGV au Pays Basque a peut être également convaincu les décideurs de prendre les problèmes les uns après les autres.


Difficile de prédire combien de fois le gouvernement va changer d’avis en 2014. Mais on peut déjà annoncer une forte mobilisation pour l’année à venir : réunions publiques, actions symboliques contre l’enquête d’utilité publique dans les Landes, etc. Comme dans le courrier envoyé au ministre des Transports début décembre, les anti voudront démontrer que les futures lignes LGV ne peuvent pas être rentables : « Les arguments sur l’inutilité de ces lignes pour les populations n’intéressent pas les politiques. Nous devons aller maintenant sur leur terrain : le financement ». conclut Pierre Recarte.


 

(1)  Publication prévue début 2014


 

Source : Sud-Ouest  du mercredi 1er janvier 2014

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